Le Canon Cat a été mis sur le marché par Canon USA en 1987. Cet ordinateur (aussi nommé Work Processor) avait été conçu comme un outil destiné plutôt à des tâches de secrétariat, et n'a été commercialisé que durant six mois, à seulement 20 000 unités environ. Le Cat se distingue surtout par une interface très particulière et novatrice, sans icônes ni souris. La personne à l'origine de ce concept est Jef Raskin, un chercheur de premier plan qui avait imaginé la conception du Cat alors qu'il travaillait encore pour Apple sur le projet Macintosh en 1979.
Le Cat est avant tout un ordinateur monobloc assez lourd, comportant un moniteur noir et blanc intégré de 9", un clavier assez particulier (nous y reviendrons) et un lecteur 5" 1/4 de 256 ko, le tout orchestré par un Motorola 68000.
À la mise sous tension, on constate que l'ordinateur est doté d'une vaste collection d'applications stockées en Rom : traitement de texte, contrôle orthographique, gestion de courrier, calculatrice, module de communication, fonction d'extraction de données, et même un interpréteur Forth. Également présents en Rom, un dictionnaire orthographique (américain bien sûr) de 90 000 mots, et de nombreuses pages d'aide décrivant la syntaxe et l'utilisation de toutes les commandes de l'OS. La configuration et les ajouts de l'utilisateur au dictionnaire sont stockés dans une Ram de 8 ko conservée par batterie.
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Vue de l'arrière du boîtier
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Vue de profil
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Tout l'attrait de cette machine réside dans son interface unique. Elle est basée sur un éditeur de texte simple dans lequel toutes les données sont vues comme long flot de texte découpé en pages. Des touches spéciales du clavier permettent à l'utilisateur d'appeler les diverses fonctions. Une touche supplémentaire, Use Front , peut être assimilée aux touches ctrl des claviers classiques : vous appuyez sur cette touche puis sur une touche normale pour lancer une fonction spécifique. Par exemple, la touche L correspond à "disk", la touche J à "print", et la touche N à "explain". Il existe plusieurs autres commandes, par exemple pour modifier certains paramètres ou annuler la dernière action ("undo").
Au démarrage, l'écran présente l'aspect d'une feuille blanche avec des caractères noirs, un peu comme ce qu'on attend d'un traitement de texte. Une barre graduée en bas de l'écran contribue encore à cette ressemblance. La mémoire disponible tourne autour des 160 ko, soit environ 80 pages imprimées en interligne simple.
Le déplacement à l'intérieur du texte tapé est assez particulier. On utilise les deux touches rouges Leap, placées devant la barre d'espace, en tapant une chaîne de caractères à trouver. Le Cat saute alors (en avant ou en arrière suivant la touche Leap pressée) à la première occurrence du texte recherché. Selon Raskin, cette méthode est plus rapide que le pointage à souris ou le déplacement du curseur à l'aide des touches fléchées (respectivement 2, 4 et 8 secondes par page). Ces touches Leap servent aussi à sélectionner des portions de texte pour les fonctions habituelles "copier", "coller", "couper", "déplacer". Autre aspect surprenant, si la sélection concerne une formule mathématique, la commande "use front" associée à une autre touche spéciale calcule le résultat de celle-ci et le met à sa place (en souligné). Et si la sélection concerne un bout de code écrit en Forth ou en assembleur 68000, une autre combinaison de touches permet d'en lancer l'exécution.
D'autres combinaisons de touches permettent de mémoriser et enregistrer des suites de commande ou de composer des numéros de téléphone, pour le modem ou pour un simple appel vocal. D'ailleurs, lors de l'utilisation du modem, les données reçues s'insèrent immédiatement dans le texte à l'écran, comme s'il s'agissait d'un texte tapé directement.
À la lecture de ce qui précède, on devine que l'ordinateur pouvait paraître assez déroutant à ses nouveaux utilisateurs et demandait un certain temps d'apprentissage, malgré la supposée intuitivité du concept.
La machine est pourvue d'un unique lecteur 5" 1/4 d'une capacité de 256 ko, soit exactement la taille de la Ram, et ce n'est pas un hasard. En effet, le système est conçu de façon à pouvoir enregistrer sur une seule disquette l'intégralité du contenu de la Ram, la configuration, et le dictionnaire personnel de l'utilisateur. Et ce n'est pas tout : la fonction de sauvegarde sur disquette enregistre également le contenu de la mémoire vidéo. Ainsi, quand vous redémarrez votre ordinateur et rechargez votre dernière disquette enregistrée, vous retrouvez aussitôt votre configuration initiale dans son intégralité. Ce procédé permet en outre d'exporter sur un autre poste de travail (un autre Cat) votre travail en cours, avec les mêmes paramètres et le même environnement.
La gestion du lecteur de disquettes passe par la commande "disk", qui opère les fonctions "record" et "play back", l'équivalent des "save" et "load" des autres ordinateurs. En fait, il n'y a qu'une seule commande "disk", qui sait ce qu'elle doit faire au moment où on l'invoque, et tout marche parfaitement si on respecte le principe suivant : il faut toujours lancer la commande avant de retirer la disquette (pour faire une sauvegarde) ou après l'insertion d'une disquette (pour charger son contenu en Ram). C'est aussi simple que ça !
Pour résumer,
Ses atouts :
- Système innovant et performant dans son domaine (tâches de secrétariat)
- Prise en main rapide et intuitive, facilitée par les nombreuses pages d'aide
- Machine compacte se résumant à l'essentiel, juste ce qu'il faut pour travailler
- Documents en cours et environnement système totalement transposables (et ce, très facilement) sur un autre poste de travail
Ses défauts :
- Système fermé et non évolutif (même la mémoire ne peut être augmentée)
- Domaine d'utilisation restreint
- Concept rapidement jeté aux oubliettes par le constructeur
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