L' Oric Telestrat est un ordinateur peu commun et qui n'a pas du tout connu le succès commercial escompté par le distributeur français, probablement à cause du prix élevé de cette configuration et de la concurrence à laquelle il devait faire front dès 1985-1986.
Sa gestation fut particulière car cette machine est en fait issue d'une version précédente intermédiaire entre l'Atmos et le Telestrat, à laquelle on avait donné le nom de Stratos, et qui fut présentée pour la première fois au public au salon de Francfort en février 1985. Mais la firme Oric est alors en fin de vie, criblée de dette et en perte de parts de marché en Angleterre. Crontrainte au dépôt de bilan Oric sera alors rachetée par Eurêka au milieu de l'année 1985, et deviendra alors une entreprise française. Il faut rappeler que la France était au début des années 80 le plus gros marché d'Oric. Eurêka reçoit donc dans le panier de la mariée le bébé Stratos.
La machine avait été développée en Angleterre par l'équipe de Peter Waterworth alors directeur de recherche de ce projet chez Oric, et avait de sérieux atouts même s'il utilisait le même 6502 à 1 Mhz que son prédécesseur. Avec le Statos on disposait à présent de deux ports pour cartouches Rom enfichables, dont un prévu pour recevoir l'interprépeur Basic et l'OS maison. Ces Roms pouvaient aller jusqu'à 120 Ko; de quoi développer des applications très évoluées ! Côté Ram l'appareil disposait de 176 Ko décomposée en une portion utilisateur de 64 Ko et 7 banques commutables de 16 Ko. Pour compléter son ouverture sur l'extérieur le Statos bénéficiait de deux connecteurs joysticks, une prise RS-232C, un connecteur modem (V23) et même un contrôleur de disque intégré.
En effet et dès le début du projet on avait envisagé d'adjoindre au Statos un boîtier d'extension doté d'un processeur Z80 et de lecteurs de disquettes lui ouvrant ainsi la porte au standard CP/M. Oric reprenait une idée en vogue et déjà exploitée chez certains concurrents comme Memotech par exemple ou Spectravideo.
Finalement après le rachat d'Oric le Stratos sera quelque peu remanié par Eurêka pour le rendre compatible avec nos protocoles de communication sera alors rebaptisé Telestrat, appellation composée à partir de TELEmatique et STRATos. A cette époque le minitel commençait à s'imposer dans beaucoups de foyers et la France découvrait la télématique. Plusieurs constructeurs avaient donc pris le train en marche et avaient lancé la mode des machines communicantes comme les Exeltel ou le Thomson TO9. La commercialisation du Telestrat débute donc au printemps 1986 mais l'engouement des acheteurs est modéré, la machine est assez chère, et la production cessera définitivement en 1987 faute de ventes suffisantes à la hauteur des espérances de la firme...
En résumé ...
Les Points Positifs :
- Bonnes possibilités d'évolution avec ses deux ports cartouches et son bus
- Machine communicante ( via le modem d'un minitel ) apte à monter un mini serveur RTC
- Un nouvel interpréteur Basic très étendu, l' HyperBasic ( sur cartouche et accompagné de l'OS ).
- Un Basic compilé et non plus interprété ( donc beaucoup plus rapide )
- Possibilité d'utiliser le lecteur de MiniDisk de l'Atmos grâce à une cartouche d'émulation
Les Points Négatifs :
- Prix élevé
- Lancement trop tardif
- Des failles techniques ( pb de prise Midi non fonctionnelle )
- Défaut du contrôleur joysticks ( impossibilité d'en brancher 2 simultanément )
- Concurrence sévère, surtout du côté Amiga