L'automne 1983 voit apparaître le standard MSX, premier du nom, une nouvelle famille de machines basée sur un processeur Zilog Z80. L'innovation de cette nouvelle génération de micro-ordinateurs, abordant une même norme, est de rendre toutes ces machines parfaitement compatibles entre elles, quelqu'en soit le fabriquant. C'est Kazuhiko Nishi, un ingénieur malicieux, qui est l'origine du projet MSX rassemblant en 1982 sa société nippone ASCII et l'américain Microsoft. Plus qu'improbable de nos jours, cette alliance sera à l'origine d'une norme de micro-ordinateurs basée sur une architecture unique et un langage commun (MSX-BASIC).
Il faut dire qu'à cette époque, le marché de l'informatique est inondé de systèmes totalement différents les rendant parfaitement incompatibles entre eux. L'idée d'un standard devient nécessaire d'où la naissance du MSX. On pourrait dire de lui qu'il est l'ancêtre du PC bien que le succès n'ait pas été à la hauteur des espérances, en dehors du sol nippon et de quelques pays d'occident.
Quel est la signification du sigle MSX ?
Cette association de trois lettres est étrange, vous ne trouvez pas ? Cette question est encore aujourd’hui entourée de mystère et plusieurs explications subsistent. Il faut retenir la plus probable donnée lors du salon de Tilburg (Pays-Bas) en 2001 par l'inventeur du MSX, Kazuhiko Nishi : Machines with Software eXchangeability. Néanmoins, on peut lire sur Internet d'autres suggestions à propos de ce mystérieux sigle sans que personne n'ait pu vraiment vérifier ces rumeurs : MicroSoft eXtended ou Matsuchita Sony X-machine. On dit également qu'au départ, le standard aurait dû s'appeler NSX pour Nishi Sony X ou même MNX pour Matsushita Nishi X cependant le sigle NSX avait déjà été déposé par la société Honda. Pour la petite histoire, Microsoft a soutenu que le “MS” venait de MicroSoft jusqu’en 1986 où la firme nia ces propos voyant que le succès du MSX n’était pas au rendez-vous.
Lancé en fin d'année 1983, le standard MSX1 est produit par une multitude de géants comme Panasonic, Philips, Sanyo, Sony, Toshiba et Yamaha entre autres. Ces firmes s'occupent de produire leurs machines, à partir de la norme éditée par ASCII, toutes compatibles entre elles. Le coeur du MSX1 est constitué d'un processeur Zilog Z80A cadencé à 3,579 MHz épaulé par une mémoire vive disposant jusqu'à 64 Ko. La mémoire morte de 32 Ko contient l'interface utilisateur nommée MSX-BASIC 1.0. D'un point de vue graphique, on trouve une puce fabriquée par Texas Instruments TMS9918/28/29 proposant 16 Ko de mémoire vidéo et autorisant une résolution maximale de 256*192 en 16 couleurs. On la trouve également dans les ordinateurs Texas instruments TI-99/4, ColecoVision et Coleco Adam. Le son, quant à lui, repose sur la célèbre puce de General Instruments nommée PSG pour “Programmable Sound Generator” avec ses 3 voix sur 8 octaves.
Les capacités graphiques du MSX1 s'articulent autour d'un processeur graphique fabriqué par le géant Texas Intruments : TMS9918 ou TMS9928 ou TMS9929. Ces différents modèles possédent les mêmes caractéristiques avec une mémoire vidéo de 16 Ko proposant une palette de 16 couleurs dont le transparent (noir). En utilisant certaines techniques de redéfinition de la palette en temps réel, on peut réussir à augmenter artificiellement la résolution et l'affichage des couleurs. On compte 4 types d'affichages différents nommés Screen ou représentation graphique qu'on pourrait traduire par la division de l'affichage.
Après un démarrage timide, le MSX1 va s'installer confortablement sur le marché mondial, sans pour autant atteindre les objectifs de ses inventeurs. Il fut très populaire au Japon (son pays natal), en Corée du Sud, en Amérique du Sud (Brésil, Argentine) ainsi qu'en URSS. En Europe, les résultats sont plus contrastés. Les différents machines vont bien se vendre en Hollande, en Espagne et en Allemagne alors qu'en Angleterre, en Italie et en Belgique, les ventes ne sont pas terribles. En France, il faudra attendre Octobre 1984 pour voir débarquer officiellement le standard MSX. Quelques machines sont alors les “stars” du moment comme le Yashica YC-64 avec son beau tablier rouge, le Canon V-20, le Sanyo PHC-28 ou encore le Philips VG 8020, certainement le plus abouti.
Une commercialisation bâclée avec peu d’importateurs, des prix exagérés, le manque d'informations sur les produits vont contribuer à sa perte. De plus, l'accueil de la presse spécialisée est déplorable puisqu'elle ne jure que par la marque au crocodile : Amstrad. On se souviendra des articles méprisants dans SVM ainsi que de la mauvaise foi de Tilt qui présentait les versions MSX des jeux comme étant systématiquement inférieures, techniquement, aux autres supports, parfois même en dépit de la vérité. Seulement deux bons magazines dédiés, Micro MSX et MSX News devenu plus tard Micro News donneront l’occasion aux fans du standard de se tenir informés sur les nouveautés proposées sur l'archipel nippone. Le standard MSX passera totalement inaperçu aux USA face au Commodore 64 et à l'Apple II. C'est un véritable bide pour Microsoft qui ne vend presque pas de machines et quittera ce marché très rapidement...
Le standard MSX propose des jeux de qualité, notamment au niveau des conversions, par rapport à d'autre machine (Commodore 64, Spectrum, etc). De plus, de nombreux programmes inédits apportent un plus à cette machine. En effet, BIT² ~ Compile ~ HAL Laboratory ~ Konami ~ Microcabin ~ Telenet se déchaînent à coup de hits inoubliables dans des domaines variétés : shoot'em up, RPG, plate-forme, etc.
En URSS, le ministère de l'éducation avait acheté à l'époque des milliers de MSX de marque Yamaha afin des fins éducatives. Ces machines étaient reliées entre elles au sein d'un réseau dans de nombreuses écoles primaires. Pour l'anecdote, une génération entière de programmeurs a débuté sur ce système. La regrettée station MIR était équipée d'un Sony HB-G900 permettant aux cosmonautes (космонавт) de réaliser de la numérisation vidéo. En France, il aura fallu se contenter de ce bon vieux MO5 au sein de nos écoles.
Chiffres Clefs
Même si au jour d'aujourd'hui, il est très difficile de donner des chiffres officiels concernant le nombre de machines écoulées entre 1983 et 1991. Combien de ces micro-ordinateurs ont été réellement utilisés ? Le standard MSX marcha tellement bien au Japon que de nombreuses déclinaisons suivirent : MSX2, MSX2+, MSX turbo R. Voici quelques chiffres qui donneront une idée de l'ampleur du phénonème MSX, on parle de plus de 7 000 000 d'exemplaires distribués :
• Japon : 5 000 000 (MSX1 ~ MSX2 ~ MSX2+ ~ MSX turbo R)
• France : 65 000 (2/3 MSX1 ~ 1/3 MSX2)
• Hollande : 400 000 (MSX1 ~ MSX2)
• Espagne : 160 000 (MSX1 ~ MSX2)
• Italie : 80 000 (2/3 MSX1 ~ 1/3 MSX2)
• Royaume-Uni : 20 000 (MSX1 ~ Fin 1986)
• Belgique : 20 000 (1/3 MSX1 ~ 2/3 MSX2)
• URSS : 800 000 (MSX1 ~ MSX2)
• Pays Arabes : 1 000 000 (MSX1 ~ MSX2)
• USA : 5000 (MSX1 ~ Fin 1986)
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